Le FMI est intervenu dans trois pays de l'Europe de l'Est membres de l'Union européenne, non membres de la zone euro suite à la crise de 2008 :
Il est également intervenu dans deux pays de l’Est non membres de l’UE, non membres de la zone euro :
Pour les pays membres de l'UE (Hongrie, Lettonie, Roumanie) la Banque Mondiale et surtout l'Union Européenne ont été associées à ces "aides".
L'UE dispose d'un mécanisme appelé "Fonds de soutien financier aux balances de paiement" des pays membres n'appartenant pas à la zone euro.
Ce mécanisme a été créé en 1988 (il était à ce moment là destiné à tous les Etats membres) sur la base de l'article du traité de Rome devenu l'article 143 du TFUE : « en cas de difficultés ou de menace grave de difficultés dans la balance des paiements d'un État membre faisant l'objet d'une dérogation » (État faisant l’objet d’une dérogation = État non membre de la zone euro), la Commission peut proposer des mesures à cet État.
Si ça n’est pas suffisant, le Conseil peut accorder le concours mutuel, notamment une action concertée auprès d'autres organisations internationales. Le Conseil Européen de mars 2009 a augmenté le montant mobilisables pour ce dispositif de 25 à 50 milliards d'euros.
Dans chaque cas, le FMI est le maître à bord : c'est lui qui propose les mesures d'austérité et lui qui se charge de leur suivi > la Commission européenne cautionne !!
Voici un extrait des lettres d'engagement envers le FMI signées par les pays lui empruntant de l'argent : "comme cela se fait de manière standard pour tous les prêts fait par le FMI, nous consulterons le fonds avant de modifier les mesures contenues dans cette lettre ou avant d'en adopter de nouvelles qui pourraient dévier des buts du programme du FMI. Nous fournirons au fonds les informations nécessaires pour qu'il assure le suivi du programme". Avec de tels engagements, le FMI obtient de fait la tutelle sur l'ensemble de la politique économique des pays concernés.
La Hongrie (octobre 2008)
La Hongrie est victime de la crise financière de 2008
La monnaie hongroise (le forint) a été victime d’une spéculation des marchés financiers : dépréciation de 15% en un mois vis-à-vis de l’Euro.
Les dettes de la Hongrie détenues par les banques européennes risquaient donc d’être dépréciées.
Or, la situation était similaire à celle de la Grèce, les autres pays européens étaient exposés à la dette hongroise (c'est-à-dire que leurs banques nationales étaient créancières d’une partie importante de la dette) : les banques autrichiennes par exemple étaient créancières d’environ 230 milliards d’Euros, les banques italiennes d’environ 160 milliards d’Euros.
La Hongrie avait un déficit public de 4 % et une dette publique de 72,9 %. Elle dépend donc largement des financements extérieurs. Début octobre 2008, le pays a échoué trois fois à placer ses obligations d'État et ses bons du Trésor à court terme sur les marchés étrangers.
En octobre 2008, la BCE a accordé des facilités de paiement de 5 milliards d’euros à la banque centrale hongroise (Magyar Nemzeti Bank). Cela lui permet d’injecter des liquidités dans l’économie et de soutenir son système financier.
Un plan d’aide UE / FMI / Banque Mondiale :
Le plan d’aide de 20 milliards d’euros à la Hongrie (12,5 milliards FMI ; 6,5 milliards UE ; 1 milliard Banque Mondiale) a été fourni selon DSK après un «large accord sur une série de mesures» à mettre en œuvre par le gouvernement dont on attend qu'il limite ses dépenses.
Un plan d’austérité a été exigé de la Hongrie en échange de cette aide :
La Lettonie (décembre 2008)
Le pays avait une croissance de 9% annuels entre 2000 et 2007 et les salaires ont doublé entre 2005 et 2008, suivit par une ruée sur l’immobilier, et la consommation, qui firent exploser les prix et ont conduit à un endettement considérable –la Lettonie bat tous les records européens avec 89,3 % de prêts libellés en euros.
Après la crise, toute l'économie, basée sur la fiction de richesse de la spéculation, s'est effondrée et le chômage a triplé en quelques mois, dépassant 18%.
Ces problèmes sont dus selon Jeffrey Sommers, de la Stockholm School of economics à Riga à l'absence de régulation des prix et de protection industrielle et à une politique fiscale qui appauvrit le travail et le capital industriel en récompensant les spéculateurs.
De ce fait l’économie lettonne s’est peu développée et sa croissance est un très bonne exemple d'une croissance financière insoutenable.
Le FMI en décembre a donc accordé un prêt à la Lettonie de 7,5 milliards d’euros, dont 1,7 milliards fournis par le Fonds, 3,1 milliards par l’Union européenne, le reste par les pays nordiques.
Cette somme a été obtenu en échange d'un plan de rigueur drastique :
Résultat : chute de 4% de son PIB en 2008, puis de 18 % en 2009 et baisse de 26 % des recettes budgétaires.
>>> l’ampleur de la dépression lettonne dépasse celle des Etats-Unis en 1929 !
Le gouvernement a dû démissionné suite à des émeutes.
Le chef de la mission du FMI continue pourtant à dire que la solution est une baisse des dépenses publiques de 7 % d'ici 2013… pour adhérer à l’euro dès 2014.
La Roumanie (mars 2009)
La Roumanie était un pays en forte croissance (moyenne de 5,9 % entre 2000 et 2008).
Suite à la crise, il a dû en mars 2009 contracter un prêt de 20 milliards d'euros dont 12,9 milliards au FMI, 5 milliards par la Commission Européenne et 1,5 milliards par la Banque mondiale. Le taux d'intérêt du prêt est de 3,6 %.
Le FMI a imposé en échange un plan d'austérité, qui prévoit notamment :
A cela s'ajoutent des licenciements massifs dans le secteur privé : 200.000 entre septembre 2008 et août 2009 selon les statistiques officielles.
Le taux de chômage est passé de 4,2 % à 8,3 % en deux ans, et l'on attend plus d'un million de chômeurs dans les mois à venir.
Déclarations de DSK au moment de la mise en œuvre du plan : "il sera essentiel de poursuivre le programme d’ajustement audacieux qui a été engagé. Il faudra en particulier continuer de réformer le secteur public, notamment les entreprises publiques, pour le rendre plus efficient"
La controverse entre DSK et le gouvernement roumain
Dans l'émission A vous de juger de France 2 le 20 mai 2010, DSK affirmait ne pas avoir imposé au gouvernement roumain la baisse de 25 % des salaires des fonctionnaires.
Selon DSK, il aurait dit : «Si vous avez besoin de faire des économies, vous augmentez les impôts, notamment pour les plus riches.».
Il affirmait chez Arlette Chabot que : «Le gouvernement roumain nous a répondu : "Non, c'est nous qui décidons"»Selon Libération du 8 juin 2010 le gouvernement roumain conteste vivement cette version :
- «La Roumanie ne dispose pas de suffisamment de riches pour partager avec tous les pauvres», selon le ministre des Finances, Sebastian Vladescu.
- Le conseiller présidentiel Sebastian Lazaroiu y voit un calcul politique de Strauss-Kahn : «Il veut se présenter à l'élection présidentielle française, il a fait une déclaration proche de la gauche.»
- Le Président Traian Basescu a ajouté avec colère : «Si M. Strauss-Kahn a des doutes, je vais lui transmettre personnellement le papier que le FMI voulait faire appliquer par la Roumanie : une hausse de la TVA de 19 à 24%, une augmentation du taux unique d'imposition de 16 à 20%, ainsi qu'une réduction des salaires dans le secteur public de 20%»Selon une source proche des négociations, même si la solution d'un impôt différencié a bien été évoquée, il n'a aucunement été question «d'augmenter les impôts pour les plus riches».
Le FMI est intervenu dans deux pays non membres de l'Union européenne suite à la crise économique de 2008 (l'UE n'est pas intervenu pour ces pays là) :
L'Ukraine (octobre 2008)
Le FMI a signé un accord de principe portant sur un prêt de 16,5 milliards de dollars à l'Ukraine en octobre 2008.
Les conditions au versement des différentes tranches du prêt :
Mais selon le FMI en mars 2009, l'Ukraine n'a pas mis en œuvre la politique de rigueur et les réformes qui lui étaient demandées. Le FMI menace de ne pas verser le reste du prêt si les mesures de rigueur prévues ne sont pas mises en place.
"Une mission récente du Fonds en Ukraine a conclu que les politiques dans certains domaines, dont la nouvelle loi sur le salaire minimum, menaçaient (la) stabilité" du pays, a indiqué M. Strauss-Kahn. "Donc, nous sommes inquiets de la promulgation de la loi."
La Serbie (janvier 2009)
Le FMI a accordé un prêt de 402,5 millions d'euros à la Serbie en janvier 2009.
Les mesures de rigueur prévues :